« Tenir le fil, casser le fil »... de la maternité
Tenir le fil, casser le fil. Celui de la maternité et de la transmission. Quatre femmes artistes et mères sont réunies pour cette exposition à la Galerie Flux à Liège. Elles interrogent leur histoire familiale, la place de leur mère, mais aussi leur propre rapport à ce rôle.
« Avec la maternité, de grand-mère à mère et de mère à fille, de fille à petite fille, une espèce de ligne droite se trace. Ça m'intéresse beaucoup, parce que ça a un côté presque de reproduction ou de transmission en direct. Et de voir que ce n'est pas ça, que cette transmission, en fait, elle s'accepte, elle se reçoit, on la donne, mais elle se reçoit. Est ce qu'on l'a prend ? D'où le titre de l'exposition qui est « Tenir le fil, casser le fil », donc tenir le fil et je reçois un héritage, ce qui me vient de ma mère, de mes grands-mères, et cetera. Mais à un moment donné, si je veux être moi, il faut que je puisse aussi casser ce lien. », explique Nadine Janssens, curatrice de l'exposition.
Ici la maternité n’est pas idéalisée, elle est questionnée sous toutes ces facettes, joyeuses ou douloureuses, comme explique Moira Deepijan. « On est tous la fille... pas la fille, mais l'enfant de quelqu'un et une fois qu'on devient parent soi-même, inévitablement, ça fait écho ou pas avec ce qu'on a vécu. Et il y a un peu ce truc de soit, de s'y opposer, soit d'aller rechercher ce qui a fonctionné. En fouillant dans des albums de famille, il y a plusieurs photos qui sont ressorties, dont une qui a servi de modèle à cette peinture où j'ai tenté de mettre en évidence les incohérences des choses qui me dérangeait avec mon regard d'adulte sur ce que j'aurais voulu qu'une petite fille puisse trouver comme photo de famille et comme lien avec sa maman. »
Une exposition intime, comme ces dessins de la chorégraphe Ikue Nakagawa. Elle danse avec une statue à l’effigie de son fils, au milieu de ces illustrations poétique qui raconte sa vie familiale : « Dessiner, ça m'a aidée pour exprimer tout ce que je veux. Quand je commence avec le corps d'abord, en fait, il y a la limite physique, mon pied qui ne peut pas venir ici. La chorégraphie, ça va être “On ne peut pas le faire”, donc j’arrête. Mais pour le dessin, tout est possible. Donc pour moi, c'est casser mes limites. »
Visible jusqu’au 6 avril, cette exposition prend le contre-pied d’une maternité fantasmée et sacralisée, où le fil de l’héritage s’entortille et relie quatre artistes mères.
A. Gerday