Redonner vie aux animaux par la taxidermie
A Fléron, un homme mondialement connu exerce un métier qui l’est beaucoup moins, celui de taxidermiste. Depuis cinq générations, la famille de Jean-Pierre Gérard donne une seconde vie aux animaux.
Derrière les portes d’un hangar plutôt banal, Jean-Pierre Gérard est taxidermiste de père en fils. La taxidermie a fort évolué depuis le lancement de leur entreprise familiale en 1870. « Mes parents, c’est ce qu’on appelait des empailleurs. Ils mettaient de la fibre de bois dans la peau etc. Maintenant, on fait une sculpture en mousse polyuréthane et on habille cette sculpture avec la peau, donc c’est c’est tout différent. On peut se permettre de faire des animaux dans des positions beaucoup plus aérodynamiques avec beaucoup plus de détails », explique-t-il.
Les peaux d’animaux venant des quatre coins de la terre sont préparées pour naturaliser les animaux morts et pour leur donner une seconde vie. Si au départ, il s’agissait principalement de trophées de chasse, aujourd’hui, cela a bien changé. « J’ai pu acheter des animaux qui sont décédés en captivité pour les proposer dans les musées d’histoire naturelle. Cela a pris beaucoup d’ampleur donc maintenant le trophée de chasse ne représente plus qu’à peu près 30 % de mon chiffre affaire », ajoute Monsieur Gérard.
L’objectif de ce métier artistique est donc de donner la possibilité de voir et de conserver des animaux d’une rareté exceptionnelle. « Malheureusement, on ne peut pas leur redonner la vie mais on peut leur redonner une vie dans le temps. Donc, si on avait pu faire ce que nous faisons maintenant il y a 200 ans, qu’est-ce qu’on aurait comme patrimoine ! » conclut-il.
Mais, pour arriver à un tel objectif, des heures de travail sont nécessaires. C’est un métier qui demande une précision extrême, des capacités artistiques pour reproduire des scènes mais aussi des émotions afin de rendre l’animal presque réel. « Nous devons enlever la peau pour ensuite la traiter chimiquement dans les bains de tannage grâce à certains produits comme l’acide formique. Cela va fixer le poil et empêcher toute putréfaction de la peau. Grâce à cela, l’animal pourra être conservé pendant des dizaines voire des centaines d’années » explique Jérémy, taxidermiste depuis dix ans chez Jean-Pierre Gérard.
S’en suivent la création de la forme, le placement de la peau et le positionnement de l’animal. Ensuite viennent les finitions. Des centaines d’animaux reprennent vie ici chaque année; d’ailleurs, de plus en plus de particuliers demandent à conserver leur animal de compagnie décédé. « On a au moins une fois par semaine, une demande pour un chat ou un chien de particuliers. Ce sont souvent des personnes âgées qui sont seules ou qui avaient un animal depuis un certain temps et qui demandent à avoir leur chien ou chat auprès d’eux », indique Hamza Chatibi, le commercial de l’entreprise.
Que ce soit dans un musée au Qatar, en Corée-du-Sud, ou à Bruxelles, vous pourriez croiser le macaque à queue de lion, le guépard royal ou encore l’Ara de Spix, tous naturalisés ici par un liégeois réputé dans le monde entier pour son métier, Monsieur Jean-Pierre Gérard.
O.Grisard