Un an après les inondations, place au bilan et à l'avenir
Près d'un an après les inondations meurtrières qui ont touché la Wallonie en juillet 2021, le gouvernement régional a fait le point, lundi, sur le bilan de la catastrophe et la reconstruction des zones sinistrées, parfois freinée par la "frustrante" lenteur des procédures administratives.
"Si un tel drame se reproduisait, il faudrait éliminer toutes les contraintes pendant un certain temps afin de gagner du temps. Les procédures administratives, auxquelles les autorités ne peuvent se soustraire, sont dans ce cas des boulets entrainant des contraintes majeures alors que sur le terrain, il y a une impatience bien compréhensible", a expliqué le ministre-président wallon, Elio Di Rupo, au cours d'une conférence de presse.
Une impatience justifiée par l'ampleur des dégâts: les inondations de la mi-juillet 2021, ce sont tout d'abord 39 morts, dont le souvenir sera honoré lors d'une commémoration officielle le 14 juillet prochain à Chênée, en présence du couple royal. Ce sont aussi 100.000 sinistrés, 9.670 hectares sous eau, près de 48.000 bâtiments, dont 45.000 logements, touchés à des degrés divers, plus de 11.000 voitures dégradées ainsi que des centaines d'ouvrages d'art détruits ou endommagés, a rappelé Elio Di Rupo.
À ce stade, le coût pour la Région atteint 2,8 milliards d'euros, elle qui a dû sortir de sa poche près d'un milliard d'euros pour palier le plafonnement de l'intervention des assureurs à 20% des montants, permettant ainsi aux sinistrés assurés d'être totalement couverts.
Dans ce cadre, les conditions pour activer la clause de rendez-vous avec le secteur ont été récemment atteintes et des discussions seront engagées dans les tout prochains jours. "Initialement, on avait estimé que l'ensemble des dégâts concernés se chiffreraient à 1,670 milliard, dont 991 millions à charge de la Région. Nous avons aujourd'hui réévalué ce montant à la hausse, à 2,069 milliards d'euros. Il y a donc 399 millions de financement additionnel qui doivent faire l'objet de négociations entre la Région et les assureurs", a détaillé le ministre-président.
Quant aux sinistrés non-assurés, ils ont pu faire appel au Fonds des calamités, dont les effectifs sont passés de 3 à 41 personnes en un an. À ce jour, le Fonds a reçu 7.673 demandes d'indemnisation, concernant 10.640 types de biens différents (immeubles, véhicules, biens professionnels, biens agricoles et biens forestiers). Sur ce total, 2.812 dossiers nécessitent des informations complémentaires; 1.911 ont fait l'objet de décisions positives; 1.696 ont été refusés parce qu'ils ne répondaient pas aux critères d'admission; 697 dossiers sont en cours d'expertise sur le terrain et 557 en cours de traitement.
Pêle-mêle, le gouvernement a également financé la distribution de plus de 600.000 repas chauds aux sinistrés entre la mi-septembre et la mi-mars; il a relogé 3.521 personnes via une série de dispositifs spécifiques; il a octroyé une prime énergétique de 550 euros pour le séchage des habitations touchées et a financé l'évacuation et le traitement de 152.000 tonnes de déchet tout en encourageant la relance des activités économiques par le biais de différents mécanismes, et notamment d'un prêt aux entreprises permettant de préfinancer les indemnisations à concurrence de 75%. Quelque 80 millions d'euros ont en outre été dégagés pour soutenir financièrement les communes sinistrées.
"La Wallonie doit faire de cette catastrophe une opportunité pour le futur", en optant notamment pour une "reconstruction durable", a encore dit Elio Di Rupo. Et le ministre-président de citer en exemple le Master Plan Vesdre qui établira une méthodologie opérationnelle pour favoriser la résilience de la vallée et le programme 'quartiers durables' qui vise 11 quartiers situés dans 9 communes fortement sinistrées.
Enfin, le gouvernement procède, avec l'aide de bureaux spécialisés, à une modélisation hydraulique/hydrologique du bassin de la Vesdre afin de réduire les risques en cas de nouvelles crues.
"Le travail réalisé par le gouvernement, par l'ensemble des services de la Région wallonne et par les pouvoirs locaux est colossal. Cependant, le quotidien de nombreux sinistrés reste encore extrêmement difficile. Nous en sommes conscients et nous continuerons à mettre tout en œuvre pour soutenir les sinistrés dans le cadre de nos compétences", a poursuivi Elio Di Rupo.
A cette fin, les missions qu'assume actuellement le Commissariat Spécial à la Reconstruction seront effectuées par les administrations compétentes à partir du 26 juillet prochain, à l'exception des chantiers prioritaires pour la reconstruction nécessitant une coordination renforcée qui seront pour leur part supervisés par l'exécutif et la Secrétaire générale du SPW, Sylvie Marique, en collaboration avec les administrations concernées.
BELGA