Les sites liégeois de Liberty en pleine tempête financière
Les outils sidérurgiques liégeois font de nouveau l’objet d’une vive inquiétude. En cause, la situation de l’entreprise Liberty Liège-Dudelange à la suite du dépôt de bilan de la banque britannique Greensill, son prêteur principal. Les sites liégeois de Flémalle et de Tilleur, soit 761 emplois au total, se retrouvent par conséquent face à de graves problèmes de trésorerie. Le front commun syndical a immédiatement tiré la sonnette d’alarme.
Vent de panique au siège flémallois de l’entreprise Liberty Liège-Dudelange, filiale du groupe britannique GFG Alliance. En cause, l’annonce ce mercredi du dépôt de bilan de Greensill, un autre société britannique, véritable organe financier derrière notamment la trésorerie des sites liégeois. "Nous étions déjà inquiets depuis de nombreux mois à propos de la pérennité des sites de Liberty Liège-Dudelange", admet Vincent Napoletano, permanent SETCa chez Liberty. "La chute de Greensill compromet encore un peu plus cette pérennité..."
Pour les filiales du groupe internationnal à Flémalle et à Tilleur, spécialisées dans le traitement de l’acier, la première conséquence néfaste est immédiatement apparue. ArcelorMittal, principal fournisseur d’acier à Liberty et ancien propriétaire des sites liégeois, vient de bloquer leur approvisionnement. "Cette mesure est clairement un manque de confiance vis à vis du groupe", explique Jordan Atanasov, secrétaire régional CSC METEA. "ArcelorMittal demande des garanties par rapport à la faillite de la banque."
La réactivité et le manque de confiance du principal fournisseur témoignent bien de l’ampleur du problème. Le front commun syndical a déjà clairement défini ses attentes. "Le groupe doit soutenir les sites concernés par un apport d’argent frais !", avance Jordan Atanasov, secrétaire régional CSC METEA. "Nous demandons fermement que le groupe Liberty prenne ses responsabilités et sorte Liège de cette situation qui met en péril la pérennité des sites ainsi que les emplois. Les travailleurs ne méritent pas cette situation et nous n’accepterons pas d’être lâchés sur le bord de la route. Nous mettrons tout en œuvre pour maintenir cette activité."
Dans les rangs du SETCa, le message est identique. Pour donner du poids à l'action immédiate, l'envie est aussi de passer un message aux autorités wallonnes. "J'attends du ministre de l'Economie, Monsieur Borsus, qu'il interpelle le groupe et qu'il l'oblige à venir se mettre à la table pour voir comment organiser la poursuite de l'activité", affirme Vincent Napoletano, permanent SETCa chez Liberty.
Le groupe britannique se veut rassurant
Dans le but de "rassurer" fournisseurs, clients et travailleurs, dont 761 sont occupés en région liégeoise, le Groupe GFG Alliance de l’homme d’affaire britannique Sanjeev Gupta nous a fait parvenir un communiqué. Il y est écrit :
"GFG Alliance dans son ensemble est solide sur le plan opérationnel et nous bénéficions du prix de l'acier, qui a atteint son plus haut niveau depuis treize ans, ainsi que de la vigueur des marchés de l'aluminium et du minerai de fer. Bien que les difficultés de Greensill aient créé une situation difficile, nous disposons d’un financement adéquat pour nos besoins actuels. Grâce à notre projet mondial autour de l'efficacité, nous avons amélioré les marges de nos opérations, la plupart de nos activités principales générant des flux de trésorerie positifs. Les discussions visant à garantir un financement alternatif à long terme progressent bien, mais leur organisation prendra un certain temps. Pendant ce temps, nous avons demandé à toutes nos entreprises de gérer leur trésorerie avec prudence."
Quant à la direction de Liberty Liège-Dudelange, elle a demandé un délais supplémentaire de 24h avant de revenir vers les syndicats et voir comment gérer cette situation à court terme.
Stéphane Savaris