Des chiffres pour casser le stéréotype de la pollution bovine
L'asbl Belbeef agit depuis des années pour certifier la viande bovine belge. Cette certification aide les acheteurs à savoir que la viande qu'ils achètent est belge et d'une qualité supérieure. Grâce à ses contrôles, l'asbl a pu récolter une série de données sur les efforts écologiques que font certaines exploitations. C'est la première année qu'ils publient ces données.
Manu Laruelle est un éleveur certifié par l’asbl Belbeef. Elle aide 3 600 éleveurs belges à vendre leur viande, car c’est un gage de qualité pour les acheteurs. Depuis 2019, l’asbl recense différentes données pour valoriser l’image des éleveurs bovins. "On savait déjà que certains éleveurs faisaient beaucoup d'efforts. Il y a 3 ans, on a donc décidé de compiler ces résultats et de créer un moniteur. On peut ainsi objectiver d'une année à l'autre les améliorations apportées par les 3 600 éleveurs (1/3 en Wallonie) que nous certifions", explique Pauline Bondue, une conseillère de l'asbl.
"Ça permet de montrer au public que nos élevages belges ne sont pas des aberrations écologiques"
Au bout de 3 ans de recensement et d’analyse des données, Belbeef a donc sorti ses premiers chiffres le 31 mai 2021 sous le nom d’"Observatoire de la durabilité". Ces données aident à comprendre l’impact réel des élevages. "Je trouve que ces données vont nous être bénéfiques", juge Manu Laruelle, un éleveur de bovins basé à Faimes. "Ça permet de montrer au public que nos élevages belges ne sont pas des aberrations écologiques. 7 mois par an, nos vaches sont dans les prairies et mangent de l'herbe. On conserve le paysage de la Belgique en luttant contre la bétonisation. On n'en fait pas n'importe quoi comme c'est le cas en Amérique par exemple", explique-t-il.
Source d'eau alternative, préservation de la biodiversité, stockage de CO2 ...
On apprend ainsi que 7 éleveurs sur 10 stockent du CO2 dans le sol, que plus de la moitié utilisent des sources d’eau alternatives, ou encore que près de la moitié utilise des produits dérivés pour nourrir leurs bêtes. "Par exemple, je cultive de la betterave. J'en extrais le sucre pour le vendre et je récupère la pulpe pour nourrir mes animaux. Ensuite, elle est digérée et je la réutilise comme engrais pour mes champs. C'est le principe de l'économie circulaire. Ça permet de réinjecter du CO2 dans le sol, d'éviter le gaspillage et ça a bien d'autres bienfaits", se réjouit l'éleveur.
"Ils sont nombreux à penser qu'on ne fait pas bien les choses, mais c'est faux"
Comme 1 exploitation sur 5, celle de Manu investit également dans de l’énergie renouvelable pour faire fonctionner sa ferme. Cet éleveur essaye donc de réduire l’impact qu’ont ses vaches sur l’écologie. "C'est bien que ces données soient publiées pour nous aider à communiquer auprès des consommateurs. Ils sont nombreux à penser qu'on ne fait pas bien les choses, mais c'est faux. Quand on communique bien et qu'on répond à leurs questions, ils changent vite d'avis", conclut-il.
Il est important de souligner que ce sont uniquement les producteurs certifiés Belbeef qui sont repris dans cette étude. Ce panel reprend donc 85 % de la production bovine en Belgique. Chaque année, de nouveaux résultats seront publiés par l’asbl pour avoir une vision de l’évolution de ces chiffres. (P.J.)