Des poutres du viaduc d'Huccorgne brisées pour tester leur solidité
Depuis le 2 août 2021, le viaduc d'Huccorgne est en travaux. La fin de ce chantier est prévue en juillet de cette année. En parallèle des ouvriers qui s'activent, des chercheurs étudient les matériaux qui ont été utilisés en 1968 pour construire cet ouvrage d'art. Ces dernières semaines, 3 poutres du viaduc ont par exemple été testées à l'université d'Hasselt pour connaître leur résistance après 55 ans d'utilisation.
Des tests sur l’ancienne structure du viaduc d’Huccorgne sont en train d'être réalisés à l’université d’Hasselt. Leur but : tester si ces poutres, construites en 1968, ont gardé leur solidité malgré des méthodes de construction différentes. "Par exemple, maintenant, les armatures de béton sont traditionnellement des barres crénelées avec une bonne adhérence entre le béton et l'acier. Dans les années 60, c’étaient des barres lisses qui auraient plutôt tendance à glisser. C'était précisément une de nos craintes dans l'évaluation et au final, elles se comportent très bien. C'est une bonne surprise", souligne Hervé Degée, professeur de génie civil à l'UHasselt. "Grâce à des mesures allant jusqu'à près de 300 tonnes de charge, nous déterminons la résistance résiduelle et la fissuration des poutres. Les premiers résultats préliminaires montrent déjà qu'il y a peu de dégradation au niveau des poutres. La conception structurelle originale des ponts fonctionne donc toujours bien", ajoute le professeur.
"Il pourrait s'avérer que les travaux de renforcement que nous avons effectués en début de chantier au viaduc d'Huccorgne étaient trop sécuritaires"
Ces tests sont réalisés sur 3 poutres à la demande du Service public de Wallonie. Les données permettront de savoir comment procéder lors des futurs travaux sur les ponts et viaducs. Ils pourront faire gagner du temps, mais aussi de l’argent. "Par exemple, il pourrait s'avérer que les travaux de renforcement, que nous avons effectués en début de chantier au viaduc d'Huccorgne, étaient trop sécuritaires. Pour arriver à de telles conclusions, il faudra analyser les données de ces tests", explique Damien Minette, chargé de projet pour le Service public de Wallonie.
L'équivalent de 7 semi-remorques remplis pour briser une poutre
Avant de pouvoir tirer des conclusions, une dernière poutre a été testée ce mardi. Contrairement à la première, testée en son centre, celle-ci l’a été au quart de sa longueur. Résultat : arrivé à 270 tonnes, la poutre est pliée de 17 centimètres, elle cède, mais cette fois sans se briser. 270 tonnes, cela représente 7 semi-remorques empilés les uns sur les autres chargés au maximum. Un comparatif rassurant qui atteste de la solidité de ces poutres malgré leur grand âge. Suivant les conclusions apportées par les chercheurs, le SPW pourra adapter ses prochains travaux sur des ouvrages d’art. (P.J.)