"Trésors", l'exposition de Zahara Gomez sur les disparitions forcées en Amérique latine
D’origine franco-argentine l’artiste-photographe Zahara Gomez mène, depuis 2016, un travail de recherche artistique sur la thématiques des disparitions forcées.
Il s’agit de la privation de liberté par des agents de l’Etat, ou des personnes qui agissent avec son autorisation, suivi du refus de reconnaître par la suite cette privation de liberté ainsi que de fournir des informations sur le sort des personnes disparues et le lieu où elles se trouvent.
Ces disparitions forcées représentent une problématique propre en grande partie à l’Amérique latine, qui a débuté dans les années 60 sous les dictatures militaires mais se poursuit toujours aujourd’hui notamment dans les pays que l’on peut qualifier de narco-états.
En 2014, au Mexique, à Inguala, la disparition de 43 étudiants partis manifester à Mexico, deviendra le symbole des dysfonctionnement de la justice dans ce pays. Les disparitions forcées représentent une méthodologie de la terreur et brisent les familles touchées.
Zahara Gomez a débuté son travail artistique par un travail de documentation mais aussi de rencontre et de dialogue avec des anthropologues légistes mais surtout avec les personnes touchées par les disparitions forcées. Une centaine de collectifs existent au Mexique dont Las Ras Treadoras Del Fuerte.
A la Cité Miroir, Zahara Gomez expose pour la première fois toutes les modalités de son travail. On y découvre des photos de paysages mexicains, des lieux où les familles de disparus ont mené des recherches mais aussi une installation de petits avions de papier évoquant la formation par la CIA de milliers de militaires sud-américains aux techniques de la contre-insurrection.
La photographe propose aussi des clichés d’outils utilisés pour rechercher les corps ainsi qu’un livre de recettes de cuisine. En effet, évoquer les disparus amène à des conversations douloureuses et tristes mais les familles ont aussi l’envie, le besoin, d’évoquer leur disparu tel qu’elles l’ont connu. Des femmes ont ainsi donné la recette et cuisiné le plat préféré de leur mari, père, frère, fils. Zahara Gomez a photographié le plat afin de constituer ce livre de recettes.
Elle représente aussi de manière zénithale les zones de recherche fouillées à la recherche des corps et l’on découvre des gros plans d’ossements inscrit dans le sol de la salle d’exposition.
Et justement, ces corps, ces ossements, donnent leur titre à l’exposition « Trésors » car ils représentent tout ce qui reste des disparus et ont donc une valeur exceptionnelle pour leurs proches.
« Trésors, l’Amérique latine, ossuaire des disparitions forcées » à voir à la Cité Miroir jusqu’au 4 septembre. Prix d’entrée : 1 euro
Zahara Gomez propose également l’exposition « Natura », un travail sur la présence des animaux dans les zoos, au Préhistomuseum, jusqu’au 11 septembre.
Zahara Gomez expose dans le monde entier son travail qui explore des thématiques sociales. Finaliste au Paris Photobook Awards en 2021 elle est depuis peu reporter pour le National Geographic.
F.Bonivert