Le décrochage socioprofessionnel inquiète les centres d'insertion
Depuis plusieurs années, les Centres d’Insertion Socioprofessionnelle sont désertés. Plusieurs causes sont avancées pour expliquer ce phénomène. Les CISP remarquent également une modification des besoins de leur public.
Dans les locaux du Centre d'Insertion Socioprofessionnelle "Formathé" à Seraing, les classes sont désertées. Ce CISP propose des formations et des accompagnements depuis plus de 20 ans. Pourtant, il remarque une chute du nombre de stagiaires, à part au sein de la formation "Français langue étrangère". Cette situation est généralisée à tout ce secteur de l’insertion et de la formation. Depuis le confinement et avec la crise financière actuelle, les centres accueillent des personnes avec des besoins beaucoup plus profonds. "Depuis le confinement, les personnes qui se présentent à nous sont souvent profondément marquées. Détresse psychologique, assuétude... Il est souvent très complexe de les garder avec nous. Ils abandonnent souvent en cours de route", indique Rose Garofalo, la directrice du CISP "Formathé".
200 000 chômeurs en Wallonie
Ce centre travaille en collaboration avec le Forem, où ces problèmes entraînent également une baisse du nombre d’inscrits. "En ce moment, ça reprend un petit peu. Mais en effet, on a ressenti une baisse pendant le confinement. On ressent que ceux et celles qui ne trouvent pas de travail sont plus loin de l'emploi qu'avant. Je pense que le confinement n'y est pas pour rien", analyse Serge Fraikin, chargé de communication au Forem. Pour ramener ce public vers une réinsertion, le Forem et les autres acteurs du secteur tentent de se réinventer. "Ce qu'il faut, c'est que tous les acteurs de la formation et de l'insertion se serrent les coudes. Nous prévoyons de rendre nos suivis beaucoup plus personnalisés et évidemment de les renvoyer vers ces centres lorsque les personnes semblent avoir besoin d'une pré-formation avant d'être formées pour un métier", pense Serge Fraikin.
Actuellement, la Wallonie compte près de 200 000 chômeurs. Près de la moitié n’a pas de permis de conduire, de CESS ou chôme depuis plus de 2 ans. Parmi eux, certains rentrent dans ces trois catégories qui les éloignent de l’accès à l’emploi. Une réalité que ces différents acteurs tentent de solutionner, tout en voyant leurs classes se vider. Malheureusement, si aucun stagiaire ne vient remplir ces classes, de nombreuses subventions vont être diminuées aussi bien pour "Formathé" que dans les autres CISP. (P.J.)