9 femmes sur 10 harcelées en rue: parole aux Liégeoises
Le harcèlement de rue est toujours une réalité à Liège comme ailleurs. Avec le confinement, les chiffres ne sont pas bons. Avec moins de personnes dans les rues, le contrôle social s’est affaibli. C'est une nouvelle étude de l'ONG Plan International qui le souligne. Nous sommes allés à la rencontre de Liégeoises qui ont accepté de se livrer.
2 minutes avec une caméra cachée. C’est le temps qu’il nous a fallu avant de capter en image un premier commentaire déplacé dans les rues de Liège. Des commentaires, la Liégeoise de 20 ans que nous avons filmés en reçoit plusieurs tous les jours. Parfois, certains se permettent d’aller plus loin. "Le plus dérangeant, c'est quand ils s'arrêtent en bord de route pour faire des commentaires. Des jeunes et des vieux me demandent parfois combien je coûte. C'est très désagréable et très dévalorisant", s'indigne la jeune étudiante.
9 femmes sur 10 affirment avoir déjà subi du harcèlement de rue
L’ONG Plan International a sorti de nouveaux chiffres interpellants. 9 femmes sur 10 affirment avoir déjà subi du harcèlement de rue, parmi les 700 personnes âgées entre 15 et 24 ans qui ont répondu à l’étude. "Ça m'est arrivé plusieurs fois de me faire suivre pendant plusieurs dizaines de minutes. J'ai eu très peur", lance une seconde femme qui a accepté de nous livrer son ressenti. "On devrait se sentir en sécurité jour et nuit, mais ce n'est pas le cas. Je dois toujours demander à des gens de me raccompagner jusqu'à chez moi, sinon je sais que je prends le risque d'avoir une mésaventure", conclut-elle. "C'est tellement fréquent que quand un homme m'interpelle pour me demander même une simple question, j'ai un mouvement de recul", vient renchérir une autre.
Une femme sur deux considère que sa libertéde mouvement est entravée
Dans la même étude, on apprend qu'une femme sur deux considère que sa liberté de mouvement est entravée à cause de ces harcèlements. "J'ose jamais porter autre chose que des jeans. Les derniers jours, il a fait super chaud donc je portais des robes. Je me suis donc retenue d'aller en ville parce que je savais ce qui allait se passer si j'y allais. J'aurais reçu des commentaires horribles qui me font beaucoup de mal psychologiquement", détaille une Liégeoise de moins de 18 ans.
La réaction des témoins, une des clés pour diminuer les chiffres
Liège est une ville particulièrement festive où le nombre de harcèlements de rue est important. En pleine journée ou pendant la nuit, la ville est fréquentée et les harcèlements sont souvent face à des témoins qui s’abstiennent trop souvent de réagir. L'étude nous apprend également qu'à cause du confinement, il y a eu moins de gens dans les rues pour effectuer un contrôle social. Le nombre de harcèlements est reparti à la hausse. Une preuve qu’une des clés est donc d’agir lorsque cela se passe sous nos yeux. (P.J.)