Colette, sinistrée de Chênée, a rejoint un groupe de parole : "C'est un quartier mort"
Loin d'être reconstruite, Chênée se remet doucement des inondations de juillet 2021. En attendant de retrouver leurs lieux de sociabilité, des sinistrés se rejoignent régulièrement pour parler. Les DéChênées, voilà le nom de ce groupe de parole.
Il y a bientôt 1 an, Colette est restée coincée chez elle durant 3 jours sans rien à manger. Dorénavant, elle vient déjeuner avec ses nouveaux amis, comme chaque premier lundi du mois quand elle en a l’énergie physique et mentale. C’est les inondations de juillet 2021 qui ont provoqué ces rencontres.
“C’est papote, parfois de sujets très sensibles aussi. Si quelqu’un ressent ou a un sentiment d’insécurité, de peur, de misère, il peut l’exprimer. Il n’y a jamais de jugement. C’est important. On ne dit pas “oui, mais tu as ceci ou cela”. Non. Cela n’existe pas. On écoute.
À l’origine, ces sinistrés de Chênée sont un groupe de parole : Les déchaînées. Chaque semaine, ils mettent des mots précis sur ce qu’ils ont vécu.
Michel Vandam, co-créateur de ce groupe de parole : “On se posait des questions par rapport au rôle des bénévoles dans ce genre de catastrophes. Ce sont souvent des gens qui sont là pendant 15 jours à fond et puis qui disparaissent. Nous, il y avait cette notion de permanence. C’était évident parce qu’on avait décidé d’avoir les moyens. Et donc ça s’est fait comme cela”
Mais difficile de recréer une vie sociale dans une ville encore scarifiée par la catastrophe
“c’est un quartier mort. On a envie de s’isoler dans son cocon. On n’a pas envie de se promener", explique Colette..
Cet établissement est un des premiers et des seuls du centre de Chênée à avoir rouvert.
Sa gérante explique : “C’est un peu une sécurité, une assurance. Cela a un côté réconfort pour les sinistrés. De montrer qu’il y a moyen de vivre. Il y a quand même beaucoup de personnes qui sont touchées psychologiquement. Je constate ici des clients qui ne sont pas toujours chez eux, n’ont pas de maison. Ce n’est pas facile".
Et Colette d'ajouter : “Ce groupe de parole fait beaucoup. Et provoque aussi des rires. C’est très agréable de recommencer à rire, de ne pas être seul enfermé dans son coin”
Mallaury Lehnertz