La toxicomanie encadrée depuis deux ans en cité ardente
La salle de consommation à moindre risque (SCMR) de Liège, gérée par la fondation TADAM, accueille depuis deux ans les toxicomanes afin qu’ils consomment leurs produits dans un environnement sécurisé et médicalisé. Les objectifs de la création de cette structure, soutenue par les autorités liégeoises, étaient d’assurer une sécurité au consommateur de stupéfiants tout en faisant diminuer la toxicomanie dans les rues du centre. Deux ans après son lancement, l’heure est à un premier bilan.
En deux ans d’existence plus de 740 personnes différentes ont fréquenté la salle de consommation à moindre risque ou ont eu recours à l’un de ses services. La création de ce lieu de consommation, mais absolument pas de distribution, avait entre autres pour objectif de faire diminuer la toxicomanie et ses nuisances en rue, même si cette donnée est difficilement objectivable en matière de chiffres.
"Je n'ai pas de chiffres précis" déclare Marylène Tommaso, infirmière en chef de la SCMR. "Ce que je peux dire, c'est que tous les actes de consommation qui ont lieu dans cette salle, ne sont pas des actes fait en rue. Donc, on est gagnant."
Sur deux ans, la SCMR en a enregistré 30.180 passages pour consommation de stupéfiants. Le principal objectif de ce lieu est d’assurer une consommation en toute sécurité et de limiter les intoxications sévères qui dans les pires des cas se soldent par la mort de l’usager. Le personnel de ce lieu joue aussi un rôle social de première ligne avec l'accueil pluridisciplinaire d’un public liégeois majoritairement très précarisé et sans domicile fixe.
"Il y a toute une prise en charge qui est opérée" explique Marylène Tommaso, infirmière en chef de la SCMR. "Il y a des possibilités de prise en charge médicale car nous fonctionnons avec trois médecins. Il y a des permanences médicales qui ont lieu le lundi, le mercredi et le vendredi. Il y a un accompagnement effectué par le personnel au niveau administratif, mais aussi au niveau physique. Nous avons une infirmerie où nous pouvons réaliser des soins tous les jours."
La consommation de stupéfiants est toujours encadrée par des infirmiers. En deux ans, les incidents dénombrés sont limités. Il n’y a eu aucun décès par overdose. Il n’y en a d’ailleurs jamais eu dans les différentes salles de consommation encadrées existant en Europe. Avant le mois de mars, la SCMR enregistrait mensuellement une fréquentation en hausse régulière, mais il y a eu un coup d'arrêt dès la mise en place du confinement.
"On a pu constater une diminution de la fréquentation avec le confinement" explique Marylène Tommaso, infirmière en chef de la SCMR. "Pas mal des usagers avaient peur du virus et ne souhaitaient plus venir consommer. Certains en ont profité pour se mettre sous traitement de méthadone. D'autres ont trouvé un logement et ont préféré arrêter. Mais depuis que le confinement a été levé, ça redémarre."
Actuellement, cette salle de consommation à moindre risque reste unique en Belgique. Elle bénéficie d’une dérogation, car théoriquement ce type de lieu est illégal aux yeux de la loi Belge. Un projet de loi existe. Mais il n’a pas encore trouvé de majorité. Le bourgmestre liégeois Willy Demeyer espère qu’un volet "politique des drogues" sera inscrit au prochain accord gouvernemental, ce qui permettrait de légiférer en la matière.