Menacé d'expulsion, ses proches se mobilisent
Steve Kinmou, un jeune camerounais installé à Liège depuis six ans, risque l'expulsion. Sa demande d'asile a été refusée. Ses proches sont sous le choc, ils ont lancé une pétition et se sont rassemblés pour son audience au palais de justice ce matin.
Le 17 novembre, Steve Kinmou a été arrêté par la police à son domicile puis envoyé au Centre des Illégaux de Bruges. Sa famille, ses amis et collègues se sont mobilisés en nombre ce jeudi matin au Palais de Justice pour s’opposer à l’expulsion de Steve Kinmou.
« On a commencé à construire une vie de famille, nous avions des projets jusqu'à ce que la sentence arrive. Moi même, je n'étais pas au courant. La preuve aussi que c'est une belle personne qui n'a pas essayé d'avoir ses papiers avec la première venue. Il a été honnête à 100 % sur la ligne et c'est vrai qu'avec lui on a construit notre vie de famille. C'est aussi un pilier pour nous. Ce serait vraiment horrible de nous l'enlever. Il ne mérite pas ça », partage sa compagne, Mélissa Heck.
« Nous, en tout cas, on trouve que c'est vraiment dommage la situation de Steve parce que c'est une personne honnête, partage un collègue, Jonathan Busine. Il a toujours fait en sorte de s'intégrer, que ce soit en Belgique, à Liège ou même dans son travail. Il paye des impôts comme tout le monde. On ne comprend pas vraiment ce qui se passe. »
Steve Kinmou est employé en CDI chez Colruyt. Il est actif également dans plusieurs associations et engagé politiquement contre le pouvoir en place au Cameroun.
« Dans toutes les manifestations auxquelles je participe, il y va avec moi et on n'a pas des messages gentils, pas du tout gentils envers le régime en place. Donc ça, c'est des actes qui, au Cameroun, sont qualifiés d'hostilité contre la patrie et qui sont condamnables à des peines de prison allant parfois au-delà des 5 à 7 ans de prison », précise le frère de Steve Kinmou, Marius.
« Certaines informations que nous avons en notre possession prouve à suffisance que faire tourner Steve au Cameroun, c'est le livrer à la mort, explique un ami, Stéphane Kouakep. Ce qu'on espère, c'est que la Belgique et sa justice prendront toutes les mesures pour éviter cela, parce que ce serait vraiment en violation des réglementations européennes. »
« Disons qu'il y a une décision administrative qui a été prise et à la suite de cette décision administrative, il y a une décision de refoulement qui peut être mise en œuvre par l'administration, explique Maître Charles Epée. Donc, on est actuellement en train d'introduire une série de procédures dont notamment une requête de mise en liberté. Il y a également une procédure qui est pendante auprès du Conseil du contentieux des étrangers et en fonction de la décision qui sera rendue ce jour par le magistrat qui a été saisi en chambre du conseil, en cas de décision négative du magistrat, on pourra encore exercer un recours devant la chambre des mises en accusation. »
L’intégration réussie et la vie de famille sont des paramètres normalement pris en compte par le magistrat dans ce genre de décision. La forte mobilisation de ses proches pourrait donc être décisive.
La décision est tombée : elle est négative. L'avocat de Steve fait appel ce vendredi matin, nous informe Marius Kinmou.
Anne Gerday